Jour 8

8e jour de confinement

Toujours un beau soleil à Wissembourg lorsque Madeleine se réveille. Mais les premiers mouvements du lever sont pénibles. Le genou... Le jogging de Madeleine autour du jardin hier après-midi.... C'est la faute à Shirley. C'est elle qui l'a proposé. Maudit tronc dans la jungle....

Comme tout le monde, Madeleine consulte les informations sur les réseaux. Depuis le début de la pandémie des questions sérieuses se posent. Les masques. Pas besoin pour ceux qui ne sont pas malades. Certes, mais le virus circule aussi dans l'air. Alors ??? Il y survit 3 heures. Mais non, quelques jours. Et ceux qui ont le virus? Doivent se protéger. Avec quoi, avec les 30 millions de masques qui vont arriver demain, la semaine prochaine ou dans un mois. Soyez pas aussi impatients. Et le personnel hospitalier ? Mais ils peuvent se les fabriquer....

Et surtout, la nouvelle du jour, c'est le miracle de la chloroquine. Depuis fin janvier le professeur Raoul de Marseille en parle. C'est pas cher, tout le monde en a, les premiers tests effectués par les Chinois sont encourageants. Il a été peu écouté. André le premier avait à l'époque conseillé à Madeleine de se méfier de ces informations médicales où chaque médecin en sait plus que l'autre, pour au final, ne rien savoir du tout. Une chose est sûre, Madeleine ne sait pas. Elle espère seulement aujourd'hui que ce médicament sera un début de réponse. Laissons les polémiques pour plus tard.

Concernant le rangement, certaines consignes de Madeleine ont du mal à passer. Ils sont à 4 dans une maison utilisée depuis des décennies par 2. Elle ne se rappelait plus que les garçons, ça mange autant. Matin, midi, soir. Les provisions s'évaporent. Depuis des années elle avait trouvé un arrangement avec Jacques. Chacun mange ce qu'il veut, opération porte ouverte frigo, avec un repas par jour. Depuis une semaine, le lave-vaisselle tourne journellement. Normal. On y trouve 46 tasses, 65 verres 36 assiettes. La femme de ménage ne vient plus depuis plus d'une semaine. Les fenêtres deviennent floues. Peut être que le virus se dépose sur les fenêtres. Raison de plus de ne pas y toucher...

Ce triste présent n'est pas nouveau, tournons nous vers le passé. Les épidémies sont anciennes. Elles se sont mises en place à partir de la sédentarité, avec l'apparition de l'agriculture et de l'élevage. En vivant alors en groupes, villages puis villes, proche des animaux, la transmission de virus a été plus facile. Après des épidémies en Egypte ancienne, en Grèce antique et à Rome, la plus terrible est la Grande Peste du XIVe siècle. Les Juifs en ont été considérés comme responsables. On pensait qu'ils avaient empoisonné les puits. En réalité, le porteur 0 vient des troupes mongoles qui ont assiégé un comptoir de la ville de Gène, Caffa. Les Génois avaient ramené dans leurs soutes la maladie qui débarque ainsi dans les grands port d'Europe. Il a fallu 4 ans pour que tout le continent soit infecté. Un tiers de la population européenne succombe. C'est déjà la mondialisation

Comme promis, Madeleine livre ses petites minutes de parfaite alsacienne.

L'Alsacien a déjà compté jusqu'à l'infini. Deux fois.

L'Alsacien peut encercler ses ennemis. Tout seul.
La masse cérébrale de l'Alsacien est supérieure à son poids total.

L'Alsacien n'essaie pas. Il réussit.

Un jour, au restaurant, un Alsacien a commandé un steak. Et le steak lui a obéi.

Ça sonne. Ce ne peut être qu'un livreur. Qui a commandé ? Pierre- Emile fait le nécessaire, gants, masques, le livreur dépose le paquet sur la boîte aux lettres. Il y restera quelques heures. Jacques pense que ce sont les semences pour le jardin qu'il a achetées avant le confinement.

A St Raphael, Jennifer, la fille de la cousine de Madeleine et voisine d'Adrien, le fils de Madeleine, lui explique qu'enfin elle peut s'occuper de son garçon. Comme dans beaucoup de familles, depuis 3 ans, la crèche puis la garderie, enfin la maternelle ont remplacé les parents. Enfin, maintenant, il est possible d'avoir davantage de contacts, montrer à l'enfant qu'on est là pour lui, être à son écoute, lui témoigner de l'intérêt, combien il est important. Bref, lui poser des questions qu'on ne pose pas habituellement.

A méditer