Jour 10
10e jour de confinement
Il est déjà tard quand Madeleine se lève. Il est 11h30. Elle n'arrivera pas en retard au travail. La maison était bien silencieuse ce matin. A peine sortie du lit, c'est l'appel de Mathilde. Mathilde était la prof de philo de Madeleine dans une autre vie. C'est aujourd'hui une dame âgée, très agréable, d'un grande culture mais qui peut aussi être caustique. Les nouvelles qu'elle annonce ce matin ne sont pas bonnes. La voisine de palier de Mathilde a contracté le virus et l'ayant à peine remarqué, déposait régulièrement les provisions à Mathilde, ...... Mathilde ne s'affole pas. C'est une personne que Madeleine apprécie énormément. Elle a gardé la spontanéité et l'originalité que Madeleine appréciait déjà lors de ses cours de philo du début des années 70. Madeleine pense que c'est elle qui lui a ouvert les yeux sur le monde adulte et lui a appris à prendre du recul avec les choses de la vie.
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A Saverne, Héloïse aussi est confinée. Maison, jardin, c'est encore une fois très supportable. Elle aimerait récupérer un bébé chien. Est ce autorisé avec le confinement ? C'est une petite Parson russel, un terrier développé au XIXᵉ siècle pour la chasse au renard. Héloïse, grand mère depuis peu, passait son temps entre sa petite fille et ses chevaux. Fan d'équitation depuis son enfance, elle n'a jamais arrêté de monter, contrairement à Madeleine, qui, une fois maman n'a plus voulu continuer. Aussi, jour après jour, Héloïse se déplaçait à 20 km de son domicile chaque matin avant le travail afin de sortir ses chevaux. Ceci dit, étant sa propre patronne d'une société de produits industriels, 5 mn de retard étaient envisageables. Ce matin, Madeleine apprend qu'elle a du euthanasier son plus vieux cheval, quelques jours avant le confinement. Il reste Aïcha, la jument, qui maintenant est au pré, aux soins d'un ami qui habite à la campagne.
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A St Raphael, Adrien est seul toute la journée, puisque Karine, infirmière, continue de travailler à l'hôpital de Cannes. La maison est grande et il y a du travail en retard. On se dit toujours, je le ferai quand j'aurai le temps. Le temps, le voilà, lui dit Madeleine. Adrien, comme elle, n'est pas un contemplatif. Le matin, au lever, il faut un programme. A St Raphaël, un coup de peinture dans l'appartement serait bienvenu, et la cage d'escalier risque d'être jalouse. Les journées seront bien occupées dans les prochains temps. Karine est une nageuse régulière. Avec Madeleine, elles apprécient particulièrement le Grand Nageur, la piscine de St Raphaël, une piscine extérieure ouverte toute l'année, olympique dans ses dimensions, un plaisir pour qui aime nager. Les deux femmes nagent un km de crawl pour l'une, 2 pour l'autre ; eh oui, c'est l'âge qui fait la différence. Il n'y a jamais beaucoup de monde puisque le gens préfèrent aller à la mer.
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Le feuilleton de telenovella que Madeleine regarde depuis des années se passe entre Lisbonne et Maputo, capitale du Mozambique. Si elle n'a jamais mis les pieds au Mozambique, elle se rappelle de Lisbonne du milieu des années 90, juste à l'époque de l'entrée de ce pays dans la CEE, l'ancienne Union européenne. Avec les enfants, la petite famille y avait séjourné une semaine découvrant à chaque coin de rue les travaux que la ville avait entamé pour la future exposition universelle de 1998. Ils n'ont vu la tour de Belem que sur la toile de la grande façade qui la couvrait, les places poussiéreuses et les rues bruyantes par les travaux en cours vont les faire fuir la capitale portugaise pour Ericeira, une petit village de pêcheurs à une cinquantaine de km plus au nord. Ce feuilleton qui intègre de nombreux paysages urbains, des monuments, des rues, des squares, des parcs et autres aménagements montre un aspect moderne et dynamique de la ville dont Madeleine aimerait s'imprégner. Les prises de vues effectuées par les drônes dans les feuilletons et séries récentes sont de véritables publicités touristiques, et Madeleine y est très sensible. Shirley n'a jamais été à Lisbonne, c'est une destination qui lui plaît. Quoiqu'il en soit, elles projettent un prochain voyage à Lisbonne..... en automne. Année à définir.
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Thérèse, la cousine de Madeleine vit dans son manoir à Oberhoffen. Charles son mari est médecin. Confinés tous les deux, Charles travaille par téléphone. Il a traité plusieurs cas de Covid ces dernières jours. Il félicite Madeleine pour ses habitudes de décontamination, qui il faut l'admettre, sont plutôt celles que Pierre-Emile a établi depuis son arrivée à Wissembourg, en véritable tyran domestique. Il rajoute qu'il faut aussi laver le linge à au moins 60° quand on revient du supermarché ou de l'extérieur en général, si éventualité de contact.
A méditer
